Tel l’Homme de Vitruve dessiné au XVe siècle par Léonard de Vinci, qui en a fait le lien symbolique entre les nombreuses sciences universelles qu’il a étudiées, notre corps est au centre des interactions avec les autres. Qu’il s’agisse de notre entourage ou de relations plus éloignées, de contacts formels ou plus sympathiques… parmi toutes ces interactions, l’une est particulière : celle que nous développons avec la médecine, le soin, le care, et avec les hommes et les femmes qui en font leur profession.
Un jour ou l’autre, notre corps sera le terrain de la rencontre, consentie ou non, entre patient et soignants. Sur cette scène, les rôles de chacun ne sont pas identiques – même s’il arrive aussi aux soignants d’être soignés – et chaque partie a à composer avec ses craintes, ses compétences, sa pudeur, son dégoût aussi, parfois. Dans ce mélange de réserves personnelles et de frontières de l’intime, les approches ne sont pas universelles bien qu’elles soient portées par la société dans laquelle nous vivons.
Comment toucher le corps de l’autre et être touché dans une relation de soins ? Comment accepter un corps qui se transforme avec la souffrance, la maladie ou le handicap, visibles ou imperceptibles aux regards ? Comment quitter ce compagnon de route qui nous trahit et qui in fine nous lâche ? Comment le faire parler quand les mots sont tus ou oubliés ? Comment se le réapproprier quand la fuite de tout ressenti est une question de survie ? Comment éluder les rapports de domination et de genre encore présents dans les parcours de soins et la violence qui s’y exerce parfois physiquement et moralement ? Comment aussi faire corps avec les autres et occuper sa place dans la société ?
Ce dossier n’apportera bien entendu pas de réponses définitives à toutes ces interrogations, mais gageons que développer ces thématiques favorisera la réflexion de part et d’autre de la relation de soins et stimulera également des perspectives de formations pour les différents personnels soignants.
Cet article est paru dans la revue:
Santé conjuguée, n°108 - septembre 2024
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