L’assemblée générale du 28 mai 2024 s’est clôturée par un long échange entre la Fédération des maisons médicales, les mutuelles et les syndicats rouges et verts. Une rencontre avec nos membres traversée de craintes et d’espoirs. Des craintes parce que les constats pour faire face à la crise du logement, à la dégradation de la santé mentale, au manque d’accessibilité à la santé, à la pénurie de soignants… sont particulièrement alarmants. Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris, a rappelé que le secteur hospitalier frôlait la faillite et qu’il était surtout prioritaire dans les missions de l’État de réguler les prix des consultations et des suppléments d’honoraires en ambulatoire pour forcer les médecins spécialistes qui les pratiquent à réintégrer l’hôpital. Élise Derroitte, de la Mutualité chrétienne, a ramené un peu d’espoir en informant qu’une commission de l’Inami a été créée pour que le budget des soins de santé soit davantage réparti afin de répondre à des objectifs de santé publique plutôt qu’à des querelles de secteurs. Toutefois, nous restons sceptiques devant l’opacité dans laquelle les négociations pour les prix des médicaments s’opèrent.
Les syndicats ont mis en lumière les violences qui provoquent la souffrance au travail dans le secteur non marchand, le contrôle administratif qui met sous pression des travailleurs et des travailleuses pour rentrer dans des objectifs aberrants fixés par leurs pouvoirs subsidiant. Dans certaines institutions de soins, le patient n’est même plus considéré comme un client qu’il faut satisfaire, dit Nathalie Lionnet, du Setca. Il est devenu objet de rentabilité, variable d’ajustement budgétaire ; le nombre de douches ou de passages des infirmiers et infirmières dans sa chambre est un indicateur de coût pour l’institution.
La maison médicale serait-elle le seul lieu d’accueil humain sans discrimination sociale, de genre ou de culture ? Restons attentifs aux formes de marchandisation qui s’opèrent dans notre secteur, rappelle Sébastien Robeet, de la CNE. Solidaris souligne aussi le sens d’une alliance pour défendre l’idée d’une sécurité sociale du logement pouvant améliorer les conditions d’existence de la majorité des citoyennes et citoyens.
Une voix s’élève au fond de la salle. Une assistante sociale récemment pensionnée défend notre modèle de santé avec ardeur et nous invite à prendre conscience que nos forces sont plus puissantes qu’il n’y parait.
Cet article est paru dans la revue:
Santé conjuguée, n°107 - juin 2024
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