Aller au contenu

Face à la complexité

Santé conjuguée

Le système de soins de santé est encore largement dominé par des logiques marchandes. Comme alternative sociale, le modèle des maisons médicales tel que la Fédération le défend reste minoritaire… alors que les victimes de ces logiques marchandes sont largement majoritaires. Hélas ! j’ai peu d’espoir qu’elles puissent s’organiser pour revendiquer un changement radical de socialisation du système. Celui-ci est d’une telle complexité qu’il serait naïf de croire à un changement culturel hégémonique, pour reprendre les termes d’Antonio Gramsci.
C’est pourquoi certains auteurs de la transformation sociale nous invitent à développer la création de « communs » à différentes échelles. Un commun est une mutualisation de ressources (économiques, sociales, culturelles) visant à leur pérennisation. À l’échelle du mouvement des maisons médicales, de tels dispositifs de mutualisation existent (lobbying politique, fonds de soutien, aide à la gestion, logiciel coopératif…). Il manque toutefois encore un élément fondamental : la représentation commune que nous souhaitons porter collectivement pour l’avenir de notre secteur. La croissance du nombre de nos membres augmente la pluralité des « visions du monde » qui le traversent…
Nous nous sommes lancés dans une démarche de recherche-action menée en collaboration avec l’asbl Philocité pour mieux comprendre cette complexité en vue de définir notre prospective. Il apparait effectivement primordial de déployer un savoir commun sur le cap que nous souhaitons donner à notre mouvement, et ce savoir ne peut se déployer qu’à travers l’analyse fine des réalités de travail des soignants qui le composent. Cette expérience empirique permettra, je l’espère, d’inspirer le contenu de notre future note d’orientation quinquennale. Au vu des enjeux contemporains (libéralisation des instances de l’INAMI, augmentation du pouvoir d’action de fédérations concurrentes, politiques de santé de plus en plus techniques, pénurie de soignantes et soignants…), construire cette vision commune et partagée est prioritaire.

Cet article est paru dans la revue:

Santé conjuguée,