Parler de la mort, nous ne le faisons jamais de façon neutre. Disons même que sa simple évocation inquiète et peut aller jusqu’à figer notre esprit, un peu comme si la notion de fin de vie engendrait un temps d’arrêt dans notre appareil psychique. Évoquer la mort active inéluctablement nos vécus de perte, nos manques, notre inquiétude pour d’autres qui s’en rapprochent un peu plus. Mais c’est aussi, et surtout, ramener à la conscience notre propre finitude. Et si la période actuelle est particulièrement anxiogène pour l’ensemble de la population, c’est bien parce que la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, les atteintes à l’environnement et les enjeux climatiques menacent nos pulsions de vie, notre besoin de rester vivants.
La mort quant à elle fait bel et bien partie de la vie. Et peut-être que si nous pouvions entamer un dialogue avec elle, celle-ci ne nous demanderait pas tant d’être prêts ni de comprendre pourquoi, mais bien de faire avec son ouvrage, ses propres cycles, qui annoncent la fin pour donner lieu à du renouveau, à de l’autre vivant.
Ce centième numéro de Santé conjuguée arrive à l’imminence de l’automne, quand la nature va s’endormir et quand nous faisons paradoxalement le choix de nous relancer dans un rythme de rentrée. N’est-ce pas une belle illustration de notre ambivalence ? Je ne peux que vous encourager à lire ce dossier qui se fait l’écho de personnes qui côtoient la mort de plus près, qui la théorisent, la voient ou l’accompagnent en la drapant de dignité et d’humanité. Un dossier à lire à son propre rythme, car il brasse la question de manière particulièrement large et pointue. Il nous apporte matière à penser et a pour objectif de mieux comprendre, de philosopher et d’ouvrir le champ de nos ressources individuelles en tant qu’individus et en tant que soignants.
Cet article est paru dans la revue:
Santé conjuguée, n°100 - septembre 2022
intro n°100
Parler de la mort, nous ne le faisons jamais de façon neutre. Disons même que sa simple évocation inquiète et peut aller jusqu’à figer notre esprit, un peu comme si la notion de fin de vie(…)
Soins de santé primaires et approche palliative
Les soins palliatifs sont généralement considérés comme globaux par essence. La législation belge [2] aussi situe l’accompagnement sur les « plans physique, psychique, social et moral », et depuis 2016 dans les dimensions existentielle et spirituelle, usuellement assimilées à la(…)
Soins palliatifs et première ligne
Entre 1988 et 1992, des appels à projets pour mettre en place des aides aux soins palliatifs ont été lancés par Philippe Busquin, ministre des Affaires sociales. À Liège, les maisons médicales entrèrent dans ce cadre(…)
Soigner par le récit
Thérèse a tenu « un carnet de bord » pendant la maladie qui a touché son mari Hubert au début de la première vague de Covid. Pendant cet accompagnement long et douloureux (avec séjour de plus de six(…)
Lieux de passages…
Depuis ses origines – occidentales ou chinoises, par exemple – « la » philosophie entretient une conviction profonde et dérangeante : nous, les humains, savons mal et savons peu, mais cela, nous pouvons le savoir, et adapter notre existence(…)
Vieillir chez soi : ouvrir les possibles
Finir ses jours chez soi est le souhait de la très grande majorité des aînés. Depuis une quinzaine d’années, le « maintien à domicile » est aussi devenu une priorité politique. Pourtant, pour l’économiste Philippe Defeyt, « aujourd’hui, cela(…)
Nos patients âgés
Louise [2] vit seule. Elle a 84 ans, de l’hypertension, de légers troubles de la mémoire, une thrombopénie. Mais aussi, et surtout, Louise aime la musique classique, elle passe des heures dans son potager, elle est hyper impliquée(…)
Un ultime acte de soin
Après un travail parlementaire exemplaire au Sénat (dont on ne peut que regretter pour la réflexion et le travail en matière éthique, la progressive disparition), malgré de multiples pressions diverses et variées, notre pays a joué(…)
20 années de pratique de l’euthanasie
Ces premières demandes ont été très interpellantes pour moi, je dirais même violentes. J’ai eu la chance de rencontrer des patients, qui dans l’expression de leurs souffrances et de leur difficulté à vivre, m’ont parlé d’euthanasie.(…)
Aux frontières de la vie et de la mort
Quelles sont les causes des états de conscience altérée ? S. L. : Les causes les plus fréquentes sont traumatiques, ischémiques, infectieuses, métaboliques et toxiques. D’abord le trauma, cause de mortalité, de morbidité très importante chez nos jeunes.(…)
L’imprévisibilité du suicide
Ce léger souffle de mort, si on ne lui prête pas l’oreille, peut parfois très rapidement et sans crier gare, se déchainer en un vent cataclysmique. Pour être contenue, la violence doit avant tout autre chose(…)
Rites et deuils en temps de Covid
En 2020, de nombreux experts et expertes du domaine du mourir et du deuil prédisaient une augmentation très significative des complications de deuil après le décès d’un proche dans le contexte de la pandémie de Covid-19 [1].(…)
Actualités n°100
Edito n°100
La cloche a sonné. En cours de géographie, nous apprenons que nous venons de vivre l’été le plus chaud enregistré par les météorologues depuis cinq cents ans et que ces vagues de sécheresse seront bien plus(…)
Jean-Marc Nollet : « Soigner notre environnement, c’est préserver notre santé »
Vous démarrez votre livre par cette question : Pourquoi s’engager ? J.-M. N. : D’abord parce que le monde tel qu’il fonctionne actuellement ne peut pas nous satisfaire : il y a trop d’inégalités, trop d’injustices. Et parce que le modèle(…)
Quelle politique salariale en maison médicale ?
Ouvrir la boîte des salaires n’est pas une entreprise évidente, mais peut être salutaire. Elle advient souvent quand un enjeu matériel se pose comme la recherche d’un équilibre budgétaire ou l’introduction d’une nouvelle grille barémique. L’implémentation(…)