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Cadastre des médecins généralistes : réaction du Groupement belge des omnipraticiens


Santé conjuguée n° 48 - avril 2009

Le débat sur la pénurie ne peut servir
à éluder les véritables enjeux :
l’instauration d’un échelonnement des
soins, et la fin des contraintes de tous
ordres qui grèvent l’attractivité de la
médecine générale et en étouffent la
pratique.


Après la conférence de presse de Madame
la ministre de la Santé dévoilant
les chiffres du cadastre des médecins
généralistes belges, il y a plus de
nouvelles questions posées que
d’ébauches de solutions sérieuses.

Une large concertation
s’impose…

…après la publication des chiffres,
notamment celui du nombre de médecins
généralistes censés être actifs :
9.250. Le débat sur les quotas
INAMI / pénurie / pléthore des médecins
généralistes est loin d’être
débloqué. Les réactions vont dans tous
les sens :

• La ministre de la Santé semble
incliner vers la thèse de la pénurie ;

• La ministre Simonet se déclare
confortée dans sa thèse de la pénurie
et considère que ses moratoires –
démagogiques – sur le numerus
clausus sont justifiés ;

• Les étudiants – il est vrai victimes
de positions politiques erratiques –
se déclarent satisfaits, comme
certaines facultés de médecine ;

• Les syndicats médicaux sont perplexes
car ils restent persuadés qu’il
y a toujours pléthore de médecins
même si des poches de pénurie apparaissent
dans certaines communes,
la nuit.

La commission de planification va
continuer son travail d’adaptation des
quotas INAMI.

Dans ce climat confus, il est grand
temps d’entreprendre une concertation
sereine.

Quelle valeur attribuer à ce
chiffre de 9.250 médecins
généralistes actifs ?

Il est fort contestable si on examine
de plus près deux des quatre critères
retenus :

• Tenir des Dossier médicaux globaux
: 70 % des patients flamands
ont un Dossier médical global, pour
30 % des wallons et bruxellois.
Donc, beaucoup de médecins généralistes
francophones ne tiennent
(malheureusement) pas de Dossier
médical global. Ils sont donc exclus
du comptage.

• Être accrédité : 9.000 médecins
généralistes sont accrédités ; parmi
les 6.000 médecins généralistes non
accrédités, beaucoup sont cependant
de vrais médecins généralistes actifs.
Exclus eux aussi du comptage.

La réalité du terrain ?

15.000 médecins généralistes sont
agréés, travaillent, délivrent des attestations
pour que les patients soient
remboursés par leur mutuelle.
Plusieurs milliers ne sont certes pas
des « équivalents temps plein » qui
bossent 10 heures par jour. Ils ont une
activité de médecin généraliste partielle
(mi-temps, trois-quarts temps, etc.)
certains ont une activité tout-à-fait
marginale.

Il serait essentiel d’interroger les 6.000
médecins généralistes recalés – surtout
des femmes – sur leurs intentions
futures.

Soit ils/elles s’accommodent très bien
d’une petite activité et ne veulent sur-
tout pas en faire plus ; dans cette
hypothèse, la pénurie pourrait se
profiler dans plusieurs années.

Soit ils/elles enragent de ne pas
pouvoir travailler davantage dans la
profession qu’ils/elles ont choisie ; ces
médecins constituent une réserve majeure
de « force de travail » et repoussent
bien loin tout risque de pénurie.
Pour le Groupement belge des omnipraticiens,
il est capital d’encourager
au maximum ces médecins généralistes
femmes à poursuivre une
activité de médecins généralistes à
temps partiel ; c’est une donnée
incontournable de la démographie
médicale présente et à venir.

L’autre réalité du terrain !

Le Groupement belge des omnipraticiens
dénonce depuis des années
la perte d’attraction de la médecine
générale chez les futurs médecins.
C’est là que réside la principale
menace pour la médecine générale de
demain ; bien plus que les débats
quotas INAMI/numerus clausus.

Trois mesures s’imposent d’urgence :

• instaurer un échelonnement rigoureux
: seul moyen de reconnaître et
de confirmer le médecin généraliste
dans son rôle central au sein du
système de soins.

• aménager le système des gardes :
des expériences très prometteuses
sont en cours mais il faudrait passer
à la « vitesse supérieure ».

• mettre fin au plus vite à tous les car-
cans trop nombreux et trop agressifs
qui font de plus en plus l’effet d’une
chape de plomb sur l’exercice de la
médecine générale (contraintes
chapitre IV et II et autres mesures
restrictives pour la prescription de
médicaments – balisages étouffants
tels que les trajets de soins, etc.).

Cet article est paru dans la revue:

Santé conjuguée, n° 48 - avril 2009

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