Santé des sans-papiers : réaction d’un ensemble de soignants de maisons médicales à Bruxelles
Valérie Alaluf, Marie-Jeanne Wuidar, Chantal Hoornaert, Anne-Françoise Dille, Michel Roland, Mima Deflores
Santé conjuguée n° 48 - avril 2009
En tant que travailleurs des maisons médicales, nous sommes chaque jour confrontés aux problèmes rencontrés par les sans-papiers en Belgique. Nous accueillons chaque jour des personnes inquiètes sur leur sort et celui de leur famille, vivant dans l’illégalité et la précarité, en marge de la société.
D’après l’Observatoire européen de l’accès aux soins de santé de Médecins du Monde, si théoriquement 99 % des sans-papiers ont accès aux soins en Belgique, ils ne sont plus que 13,9 % dans la pratique. La moitié seulement des sans-papiers vivent dans un loge- ment fixe, 9 % sont sans logement. Toujours selon l’Observatoire, 41,1 % vivent en Belgique depuis 1 à 3 ans, 34,4 % depuis 4 à 10 ans. Ces personnes arrivent dans nos centres après un parcours long et ardu, souvent elles n’ont pas pu se soigner durant de longues périodes, avec les conséquences que l’on peut imaginer sur les maladies chroniques et infectieuses. Ells vivent tenaillées par la peur d’être arrêtées, mises dans un centre fermé avant d’être renvoyées chez elles, ce qui entraîne un état de stress permanent et peut provoquer la décompensation de certains états psychiatriques. Bien souvent, elles se tournent vers les maisons médicales qui constituent un des rares lieux dont l’accessibilité leur est facilitée. Il y a un peu plus d’un an, le Gouver nement belge avait, dans l’accord de Gouvernement, pris l’engagement de rédiger une circulaire reprenant des critères clairs pour la régularisation des sans-papiers. Ce faisant, le Gouvernement a suscité une expectative légitime parmi des milliers de sans- papiers qui répondent aux critères annoncés dans l’accord de Gouvernement. Force est de constater que cette promesse n’a pas été tenue et les sans-papiers vivent, avec raison, cette situation comme un déni de droit. Cette situation ne fait qu’augmenter l’incertitude et la précarité des sans- papiers vivant en Belgique, avec des conséquences importantes sur leur santé physique et mentale, ayant entraîné des actions de désespoir pour certains (grèves de la faim, occupation de grues…). Durant ces trois dernières années, une dizaine de grèves de la faim se sont déroulées à Bruxelles, des grèves ont également éclaté en Wallonie et en Flandres. Le suivi des grévistes a été essentiellement effectué par des travailleurs des maisons médicales. Actuellement environ 600 personnes ont entamé une grève de la faim à Bruxelles. Les services de santé sont submergés et le suivi médical réalisé est pour le moins précaire. En tant que travailleurs des maisons médicales, face à ce problème de santé publique et devant l’immobilisme de nos politiques, nous demandons à la Fédération de prendre position sur le problème des sans-papiers et qu’elle interpelle le Gouvernement à ce sujet. Nous comptons adresser le même message à l’Ordre des médecins ainsi qu’aux doyens des différentes facultés de médecine car nous pensons ne plus pouvoir répondre réellement à notre mission de soignants dans de telles conditions. Nous désirons ainsi créer une vague de réflexion éthique et une prise de position telle que celle de l’Ordre des avocats. Pour voir la réaction de la Fédération des maisons médicales. Pour voir le communiqué de presse signé notamment par la Fédération des maisons médicales Pour voir la réaction du comité d’éthique de la Fédération des maisons médicales et la réponse de l’ordre des médecins du brabant francophone.Documents joints
Cet article est paru dans la revue:
Santé conjuguée, n° 48 - avril 2009
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