Le rôle du Fonds des Maladies Professionnelles en faveur de la réadaptation des patients lombalgiques
Olivier Poot
Santé conjuguée n° 51 - janvier 2010
Le Fonds des Maladies Professionnelles propose un programme de réadaptation pour les patients souffrant de lombalgies en relation avec le travail. Le programme vise le retour accéléré au travail et la prévention d’une évolution vers la chronicité par un entraînement physique intensif et une prise en charge psychologique ainsi que cognitive.
Depuis plusieurs années, le Fonds des Maladies Professionnelles (FMP) a constaté chez les travailleurs une augmentation des plaintes liées à des affections aspécifiques, multicausales et multifactorielles telles que les affections de la colonne vertébrale. Le législateur a donc confié au FMP en 2005 la mission de contribuer à prévenir les « maladies en relation avec le travail ». Celles-ci sont définies comme « des maladies… qui, selon les connaissances médicales généralement admises, peuvent trouver leur cause partielle dans une exposition à une influence nocive, inhérente à l’activité professionnelle et supérieure à celle subie par la population en général sans que cette exposition… constitue la cause prépondérante de la maladie » (Loi 13/07/2006 ; MB 01/09/06). Ces maladies ne sont pas à confondre avec les « maladies professionnelles » qui font l’objet d’une liste reprise dans un arrêté royal mais dont le groupe-cible est finalement assez restreint. Dans le cadre des maladies en relation avec le travail, le groupe-cible est donc beaucoup plus large et le législateur a prévu qu’il puisse bénéficier de programmes de prévention secondaire. Le programme de réadaptation proposé par le FMP pour les travailleurs lombalgiques s’inscrit donc dans ce nouveau cadre d’action relatif aux maladies en relation avec le travail. Aux origines du programme, des constats alarmants La sollicitation de la colonne vertébrale au travail est un phénomène général, rencontré dans la plupart des professions et des secteurs d’activité. De tous les facteurs de risque, la manutention manuelle de charges et l’exposition à des vibrations mécaniques transmises par le siège sont les facteurs les plus fréquemment associés à la lombalgie. Il en résulte de lourdes conséquences tant au niveau individuel que sociétal : conséquences socioprofessionnelles (perte d’emploi, reclassement professionnel), conséquences sur la vie personnelle et familiale (difficulté voire impossibilité d’effectuer certaines activités, kinésiophobie, dépression, etc.) et enfin, conséquences socio-économiques pour le travailleur (perte d’emploi, diminution des revenus, etc.), l’entreprise (coût des arrêts de travail, perte de travailleurs qualifiés, etc.) et la collectivité (coût des traitements, coûts des arrêts de travail, etc.). Selon un rapport du Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) consacré à la lombalgie chronique et publié en 2006, la lombalgie entraînerait annuellement en Belgique un coût direct médical (imagerie médicale, kinésithérapie, revalidation, chirurgie, etc.) de 81 à 167 millions d’euros et un coût indirect pour le patient et la société (incapacités de travail, pertes d’emplois) de 270 millions à 1,6 milliards d’euros ! Le souhait des ministres de tutelle du FMP, à savoir, le Ministre de la Santé publique et des Affaires sociales et celui du Travail, de l’Emploi et de la Concertation sociale, était donc de pouvoir apporter une réponse appropriée à ce problème social évident et qui ne faisait l’objet d’aucune intervention particulière. Evolution d’un projet-pilote vers un programme à large échelle Bien au courant du phénomène grandissant des lombalgies et face à la pénurie de personnel soignant dans le secteur des soins, le FMP a lancé le 1er mars 2005 un projet-pilote qui visait à évaluer la faisabilité d’un programme de prévention secondaire des lombalgies sur un public restreint (c’est-à-dire le personnel infirmier du secteur des soins de santé). Suite à plusieurs évaluations positives de ce projet-pilote, il a été décidé d’élargir cette initiative et de lui donner un caractère permanent. Par arrêté royal du 17/ 05/2007, le programme a été rendu applicable à tous les travailleurs belges et ce, quel que soit leur secteur professionnel, pourvu qu’ils soient exposés lors de l’exécution de leur travail à la manutention manuelle de charges et/ou aux vibrations mécaniques transmises par le siège.Buts du programme
- Réduire la probabilité d’évolution de la lombalgie vers la chronicité dans une population en incapacité de travail. De cette manière, le FMP veut éviter que ces personnes soient rejetées du marché du travail ;
- Promouvoir la prévention ainsi que l’ergonomie du poste de travail dans le secteur professionnel concerné ;
- Stimuler le dialogue nécessaire entre l’ensemble des intervenants médicaux et paramédicaux concernés (« travail en réseau »).
Qui est concerné ?
Le travailleur (salarié du privé ou contractuel/ fonctionnaire dans une administration provinciale ou locale) :- que le médecin du travail estime exposé aux risques liés à la manutention manuelle de charges et/ou aux vibrations mécaniques transmises par le siège.
- qui est en incapacité de travail :
- suite à des lombalgies mécaniques communes (depuis minimum 4 semaines et maximum 3 mois) ;
- suite à une rechute dans une période de 12 mois (minimum 1 semaine et maximum 3 mois) ;
- suite à opération chirurgicale de la colonne lombaire (minimum 4 semaines et maximum 3 mois).
Contacts au FMP
– Patrick Strauss, conseiller général au FMP : patrick.strauss@fmp-fbz.fgov.be Tél : 02.226.62.12 – Olivier Poot, médecin du travail ergonome, médecin collaborateur au FMP : olivier.poot@fmp-fbz.fgov.be Tél : 02.226.62.77 (me & ve) – Jean De Wael, assistant administratif au FMP : jean.dewael@fmp-fbz.fgov.be Tél : 02.226.67.04 – Site internet http://www.fmp.fgov.be/fr/prevention_dos_fr01.htm
Documents joints
Cet article est paru dans la revue:
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