La finance solidaire comme réponse aux crises que nous traversons
Attout Antoine
Santé conjuguée n° 57 - juillet 2011
Il n’y a rien à faire contre les dérives de la marchandisation et de la financiarisation ? Faux !
De plus en plus de citoyens s’interrogent sur les dérives de la finance. La crise financière l’a montré à souhait : il y a d’un côté les épargnants « bons pères et bonnes mères de famille » et de l’autre côté, des mécanismes financiers qui évoluent en dehors de toute réalité concrète et de l’économie réelle. Le Réseau financement alternatif est un mouvement associatif et citoyen qui tente de promouvoir des alternatives durables en matière de finance. Cette démarche passe par le soutien à des groupes citoyens qui veulent comprendre et agir, afin de proposer des alternatives concrètes à la crise financière, écologique, économique et sociale que nous traversons et de faciliter la transition devenue indispensable vers un modèle éthique et durable. Aujourd’hui, les initiatives citoyennes fleurissent de toutes parts pour tenter d’endiguer ce phénomène de la finance « casino » qui fait des ravages sur la société, pille les ressources naturelles, maintient des dictatures en place. Ces initiatives proposent de recentrer les échanges sur le local, de manière éthique et durable, en créant plus de cohésion sociale, plus de liens directs consommateurs-producteurs et en proposant des pistes d’actions concrètes pour agir ensemble sur la finance et se réapproprier cet outil trop longtemps éloigné des préoccupations sociales. Monnaies locales, investissement socialement responsable et autres : les alternatives existent Les systèmes d’échanges locaux, les monnaies sociales, l’investissement socialement responsable sont autant de thématiques abordées et travaillées par les groupes citoyens engagés au sein du Réseau financement alternatif. Dans le cas des monnaies locales, il s’agit de se réapproprier un outil financier classique pour en faire un outil social, ancré dans l’économie réelle et centré sur le local. À Mons, à Virton et dans d’autres communes en Wallonie et à Bruxelles s’est amorcée une réflexion sur la monnaie dominante et sur les possibilités d’alternatives en la matière. Ces groupes se réunissent depuis plus d’un an pour faire aboutir un rêve commun : lancer une monnaie parallèle à l’euro avec pour objectifs de soutenir l’économie locale afin de redynamiser les régions concernées, de pérenniser l’emploi dans les petits commerces, de soutenir le tissu associatif et d’encourager les changements de comportements des consommateurs pour qu’ils puissent soutenir facilement les producteurs, artisans et commerçants de leur région. Ce but peut être atteint en encourageant les flux monétaires à rester dans une zone géographique locale, grâce à la création d’une monnaie complémentaire à l’euro acceptée par les commerçants, les producteurs et les consommateurs de la région. Actuellement, il existe près de 5000 exemples de monnaies complémentaires fonctionnant dans le monde. La Belgique était à la traîne sur ce point et est en train, grâce à ces groupes citoyens, de récupérer son retard et d’avancer, grâce à ces outils, sur la voie d’une économie plus sociale, plus verte et donc plus durable. L’investissement socialement responsable est une autre manière d’aborder la finance, en respectant des critères sociaux, éthiques et environnementaux. Le groupe local InvestEthique s’est donné pour mission d’agir sur cette voie. Il s’agit avant tout de comprendre les mécanismes financiers de base, de se décomplexer par rapport aux produits financiers que nous proposent les institutions financières. Le groupe InvestEthique tente d’encourager, par la mise en commun de leur épargne, l’économie réelle et les alternatives durables. Il s’agit de comprendre les produits financiers éthiques et solidaires, pour ensuite communément investir cette épargne collective dans des projets à plusvalue sociale ou environnementale. Les alternatives au niveau financier existent, la mobilisation est de plus en plus grande et la société civile est en train de s’organiser pour faire face aux lobbies du secteur financier. La finance doit redevenir un outil et non une fin en soi, au service de l’intérêt général et non uniquement au nom des intérêts privés. Les pouvoirs publics ont trop vite démissionné du monde bancaire, entraînant cette situation insoutenable où les États doivent venir à la rescousse du secteur privé, pour ensuite devoir abdiquer et couper drastiquement dans les dépenses publiques essentielles, comme c’est le cas dans de nombreux pays européens. Au même titre que nous devrons réinventer l’économie de demain, la finance ne doit plus dicter les actions des pouvoirs publics, mais ceux-ci, avec l’appui des citoyens, doivent reprendre le contrôle sur un secteur essentiel au devenir économique et social de notre société. Ces citoyens tentent, à leur échelle, de changer les choses et de faire en sorte que la finance solidaire soit un engagement constant dans ce monde en transition vers lequel nous nous dirigeons.Documents joints
Cet article est paru dans la revue:
Santé conjuguée, n° 57 - juillet 2011
Les pages ’actualités’ du n° 57
Autour de la modification de la durée des études de médecine – Une réforme en demi-teinte
L’enseignement et la transmission des savoirs a toujours été une préoccupation majeure de la Fédération des maisons médicales. Plusieurs portes d’entrée peuvent être exploitées à ce sujet et l’une d’entre elles vient de s’ébranler. En effet,(…)
Qu’est-ce qu’une alternative ?
On arrête tout, on résiste et c’est pas triste
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Alternative, une photo de famille
A quoi reconnaît-on une « alternative » ou, pour le dire autrement, une initiative citoyenne qui propose des alternatives concrètes au fonctionnement actuel de la société sur un mode plus égalitaire, solidaire et démocratique ? Des(…)
Reprise d’entreprise par les travailleurs : se réapproprier notre avenir ?
Réappropriation, émancipation, citoyenneté : la reprise d’entreprise par le personnel… une possibilité pour les salariés de reprendre leur destin en main et une solution pour les patrons transmettre leur entreprise.
Les Groupes d’achat solidaires de l’agriculture paysanne (GASAP)
Les groupes d’achat solidaires de l’agriculture paysanne existent depuis maintenant cinq ans à Bruxelles. Le Réseau bruxellois des GASAP rassemble maintenant plus de 40 groupes. Une nouvelle forme de « panier bio » ? Pas vraiment,(…)
Mobile, autonome et solidaire
« Apprends à entretenir et à réparer ton vélo et tu rouleras toute ta vie ». En autonomisant les cyclistes dans l’entretien et la réparation de leur mode de transport, les Ateliers Vélos de la rue(…)
Pour une naissance à visage humain, en toute simplicité
Comment sortir de la logique de l’accouchement comme acte médical ? Par le partage d’expérience entre parents et le soutien aux compétences de chacun.
L’aventure citoy-éolienne de CLEF
Un trait marquant des alternatives est leur dimension collective, démocratique et, volens nolens, politique. Le « projet fondateur » de la coopérative citoyenne CLEF, c’est la mise en oeuvre d’une démarche de coopérative et l’aboutissement d’un(…)
La finance solidaire comme réponse aux crises que nous traversons
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L’Espoir, créer son habitat
L’alternative, ce n’est pas inventer un nouveau modèle à reproduire, c’est innover, c’est développer un projet nouveau que d’autres pourront s’approprier par la suite sans le reproduire à l’identique. A Molenbeek, quatorze familles aux ressources limitées(…)
Lieux d’accueil de la petite enfance, carrefours du lien social
Souvent les services auxquels nous recourons sont organisés d’en-haut ou de loin et réduisent l’usager à un rôle de consommateur dépersonnalisé dont on n’attend que de la passivité. Ce n’est pourtant pas une fatalité, comme le(…)
L’Autre « Lieu », une ressource alternative à la psychiatrie dans la durée
Soutenir une position de questionnement du système dominant, continuer à accompagner ceux que ce système déshumanise ou abandonne, rester flexible et critique, refuser de perdre son autonomie et âme en devenant un service complémentaire… L’alternative est(…)
Et les maisons médicales ?
Les maisons médicales sont-elles une alternative ? En quoi ? Regards d’usagers
Ils participent à des activités de maisons médicales en région liégeoise, bruxelloise et tournaisienne, activités qui participent au réseau éducation permanente de la Fédération des maisons médicales. Ils sont inscrits à la maison médicale, ou pas.(…)
Les maisons médicales, une alternative ? Vue intérieure
Les maisons médicales constituentelles une alternative, entendons par là une initiative citoyenne qui propose une alternative au fonctionnement actuel de la société ? L’ont-elles été, le sont-elles toujours ? En quoi, à quel prix ? Qu’en(…)
Quelques réflexions pour fabriquer une histoire globale, intégrée, continue et accessible des maisons médicales
Une analyse « historique » met en exergue la nécessité « macro » de déployer des alternatives au système dominant, alternatives dans lesquelles les maisons médicales jouent un rôle à leur niveau.
Alternative et pouvoirs publics : un rapport ambigu
Les pouvoirs publics se déchargent-ils de leur responsabilité ? Réflexions à partir du secteur de l’insertion socioprofessionnelle
Des opérateurs privés constituent aujourd’hui des alternatives qui assument des tâches auparavant remplies par les pouvoirs publics. Cela pose des questions que nous envisageons ici dans le domaine de l’insertion des publics « éloignés de l’emploi(…)
Le réseau, pour nourrir et développer l’alternative : forces et faiblesses des approches systémiques et transdiciplinaires
Pour qu’il y ait alternative(s), il faut des réseaux et des militants
L’alternative, c’est du travail sur les limites, du travail dans la transversalité, dans la « biodiversité culturelle » et le métissage, c’est de la subversion et de l’imaginaire. C’est aussi faire cela ensemble, en réseau, mais(…)
Le réseau, ou la mobilisation de membres autour d’objectifs communs
Depuis des décennies, des entreprises et associations de l’économie sociale se rassemblent et se solidarisent pour être plus fortes et mieux se développer. En Belgique francophone, c’est en 1981 que SAW-B – Solidarité des alternatives wallonnes(…)
Pour un réformisme révolutionnaire : les chemins de transition
Au-delà des mots
L’alternative, ce n’est pas que concepts et analyses. Ca se vit. L’absurdité du post-post-modernisme, du monde « entre deux mondes », aussi. Ca se vit. Expérience vécue.