Depuis des siècles, les infirmiers et infirmières jouent un rôle majeur pour la santé. De vocation religieuse, cette profession s’est progressivement muée en discipline scientifique rigoureuse, règlementée et structurée. À domicile, en maison de repos, en secteur psychiatrique, en hôpital… les infirmières partagent un même combat : être reconnues et revalorisées, tant au niveau salarial que dans la reconnaissance de leurs compétences.
Le dernier numéro de la revue Santé conjuguée dresse un état des lieux de cette profession :
- La fonction infirmière occupe depuis longtemps les listes des métiers en pénurie. En 2023 en Flandre, il y avait 10 000 places vacantes pour seulement 770 chercheurs et chercheuses d’emploi. Les pronostics pour les vingt prochaines années ne sont pas meilleurs : en Belgique, le personnel ne sera pas suffisant et ce sera principalement le cas dans les secteurs des maisons de repos (-25 % d’infirmières d’ici 2046) et des soins à domicile (-20 % d’ici à 2046).
- Dans toutes les régions, un tiers des infirmières actives ont plus de cinquante ans. Un constat alarmant au vu du vieillissement de la population, du départ des infirmières plus âgées à la retraite et des difficultés de rétention dans la profession. Le Covid-19 a laissé des traces profondes et nombre d’infirmières, épuisées, ont quitté le métier, aggravant une pénurie déjà préoccupante.
- Épuisement, stress, souffrance psychique… le risque de burn-out touche aussi plus de la moitié des étudiant.es en soins infirmiers. En cause ? Des facteurs multiples, parmi lesquels la lourdeur des études et de mauvaises conditions de stage. Une partie d’entre elles et eux, déjà dégouté.es par le métier, ne travailleront pas comme infirmier.ère.
- Prévention, promotion de la santé, santé communautaire, actes infirmiers autonomes ou délégués par un médecin, coordination de la prise en charge des patients, suivi de patients avec des pathologies chroniques… : la profession infirmière revêt pourtant de multiples dimensions, requiert des compétences diversifiées et peut s’exercer des milieux de travail variés.
- En outre, elle ne cesse de se développer. Dans plusieurs pays (dont la Belgique), les consultations infirmières, en complément ou en remplacement des consultations médicales, apportent une plus-value sur la qualité de vie, les comportements de santé (arrêt du tabagisme, encouragement de l’activité physique), la satisfaction des patients et la compliance aux traitements. À travers ce type de consultations, des infirmières et infirmiers de maisons médicales endossent ainsi une plus grande variété de rôles et bénéficient d’une autonomie plus importante. « Pour certaines prestations, il n’est pas nécessaire de consulter un généraliste puisque l’infirmière dispose d’un large éventail de compétences encore sous-employées, explique Esranur Kocakaya, de la Maison de santé Potager à Saint-Josse-ten-Noode. Nous disposons de compétences propres d’observation et d’aide au diagnostic et c’est à nous de les faire connaitre aux autres soignants. »
- La profession infirmière a fait l’objet de nombreuses réformes, dont la dernière en 2024, qui a abouti à une redéfinition complète de la discipline et à une description complète de l’ensemble des fonctions de ce domaine des soins (infirmier responsable de soins généraux, infirmier de pratique de médecine générale, infirmier spécialisé en santé communautaire et infirmier de pratique avancée). Mais il y a encore du chemin à parcourir pour rendre ce métier plus attractif. Revalorisation salariale, reconnaissance des multiples compétences et des responsabilités qui augmentent dans un contexte de pénurie de médecins généralistes, amélioration des conditions de stage et de travail, etc. : il est temps de reconnaître que le soin d’autrui, au cœur de ce métier, est indispensable à notre société et qu’il doit trouver sa place dans les choix politiques et budgétaires à venir.
>> En savoir plus ? Le numéro est disponible en pdf sur www.maisonmedicale.org.
>> Contact presse : marinette.mormont@fmm.be
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