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41. Norme et santé

Santé conjuguée

n° 41 - juillet 2007

Norme et santé

L’alcoolique, c’est celui qui boit plus que son médecin. Cette plaisanterie passablement éculée mérite toute notre attention, car elle recèle, tel un Aleph borgésien, la complexité de la notion de norme dans le domaine de la santé. Elle nous dit que la norme est scientifique, puisqu’elle est énoncée par le détenteur du savoir médical. Mais en même temps, quitte à se contredire, elle nous révèle que la norme est sociale, puisqu’elle s’établit par comparaison avec le comportement d’un notable. Elle illustre aussi le potentiel de stigmatisation de la norme : manifestement, cette phrase contient un jugement et aussi une menace pour celui qui se croirait autorisé à boire plus que son médecin. Notre attitude enfin, ô mon contemporain du XXIème siècle, n’est pas insignifiante : cette affirmation « normative » nous amuse. Mais pour des motifs parfois contradictoires. Les uns plisseront les paupières d’un air entendu : tout le monde sait aujourd’hui que la norme santé est impitoyable et ne tolère pas ce flou subjectif, bref la boisson, c’est maximum 21 unités par semaine pour un homme et 14 pour une femme, mais il vaut évidemment mieux ne pas boire. Mais face à ces parangons de la norme santé la plus expansive, d’autres, post-modernes sans doute, souligneront la non-pertinence de l’énonciateur : qui est-il pour dire aux autres ce qu’ils doivent faire ?

Toutes ces questions sont loin d’être académiques. Elles s’inscrivent dans le mouvement de transformation que connaît notre société, où la tension entre normativité et illégitimité des limites conditionne notre quotidien, y compris dans le champ de la santé, et détermine non seulement les comportements des usagers et des professionnels, mais aussi l’organisation de la santé au plan collectif et politique.

Quand les a-normaux se rebiffent

Si la norme est la loi du plus grand nombre, que deviennent les minorités, telles que les plus gros ou les sourds ou, maintenant, les fumeurs(…)

- Marianne Prévost

Quelques aperçus sur la crise contemporaine de la régulation du champ médical

Pour aborder la question de la régulation de la médecine et de sa transformation, il convient de distinguer deux versants. D’un côté, une relation verticale unit(…)

- de Munck Jean

De la perte des repères à l’enfant généralisé

Les médecins généralistes sont confrontés au vacillement de leurs certitudes. Alors que leur pratique est soumise à des normes de plus en plus contraignantes, ils sont(…)

- Lebrun Jean-Pierre

L’accueil et la règle : du centre et des faubourgs

Dans leur travail, les accueillants sont souvent confrontés à la question de la norme : qui édicte les règles dans une maison médicale, sont-elles appliquées par(…)

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Voyage au pays du normal et du pathologique

Que se passe-t-il quand une personne en souffrance s’entend dire par le professionnel consulté « Tout est normal », ou pire « Vous n’avez rien »(…)

- Dr Axel Hoffman

Les pages ‘actualités’ du n° 41