Lettre ouverte : L’Europe doit interdire les PFAS à la source – et la Belgique a un rôle à jouer

Les PFAS, substances poly- et perfluoroalkyles, sont omniprésents : dans l’air, l’eau et le sol. Elles s’accumulent au sein des écosystèmes et dans notre propre corps. Une fois présents, les PFAS ne se décomposent pas. Ces « polluants éternels » constituent indéniablement une menace pour l’environnement et la santé humaine. Pourtant, ces substances continuent d’être produites par l’industrie européenne, aggravant chaque jour leur présence problématique. Les autorités belges et européennes doivent prendre des mesures pour arrêter leur production et stopper l’exposition quotidienne des citoyen·ne·s à ces polluants chimiques.
- Une pétition est également en ligne. Pour signer, c’est ici : https://www.canopea.be/petition-contre-les-pfas/
Depuis la fin des années 1940, l’utilisation des PFAS dans diverses applications industrielles et produits de consommation a conduit à une contamination généralisée. Le « Forever Pollution Project » a identifié plus de 23 000 sites en Europe contaminés par des PFAS – et c’est en Belgique que l’on trouve les niveaux de pollution les plus élevés. La sévère exposition des citoyen·ne·s est donc double : via une exposition environnementale quotidienne d’une part et via les produits de consommation contenant des PFAS (emballages alimentaires, aliments, cosmétiques, boissons, pesticides, etc.) d’autre part. Un biomonitoring à l’échelle européenne a révélé la présence de PFAS dans le sang de tous les individus examinés.
Depuis des années, les scientifiques mettent en garde contre les dangers de ces « polluants éternels». Les PFAS perturbent le système immunitaire et endocrinien, endommagent le foie et la thyroïde, et sont associés à un risque accru de cancer et d’autres maladies graves. La recherche découvre de plus en plus de risques chaque année. Il est grand temps de donner la priorité à la santé publique.
Rien que pour le secteur de la santé, l’exposition actuelle aux PFAS entraine des coûts de 52 à 84 milliards d’euros par an. Récemment, le “Forever Pollution Project” a estimé le coût de l’assainissement en Europe à 100 milliards d’euros par an pour les 20 prochaines années. Tant que nous n’aurons pas mis un terme à la production, à l’utilisation et à la diffusion des PFAS, les coûts pour la santé publique et l’assainissement de l’environnement continueront à augmenter.
Les PFAS constituent un groupe de plus de 4 700 substances. Actuellement, au niveau mondial, seules quelques-unes font l’objet d’une réglementation. La proposition d’interdiction européenne des PFAS soumise, il y a deux ans, à l’ECHA par cinq pays européens offre une opportunité d’agir à large échelle. Le processus a pourtant déjà pris beaucoup de retard et on ne sait pas exactement quand la proposition deviendra législation, ni à quelle échelle. De plus, en raison des longues périodes de transition, les restrictions ne s’appliqueront probablement pas avant 2029, au plus tôt. Pour couronner le tout, la tendance générale à la déréglementation et le lobbying de l’industrie menacent l’intégrité de cette proposition. Plus que jamais, il est important que la Belgique continue à plaider pour une interdiction européenne des PFAS. Par ailleurs, nous appelons à la vigilance pour que la nouvelle Commission européenne place la santé publique au cœur de sa politique en matière de PFAS.
La Belgique peut déjà prendre ses responsabilités dès aujourd’hui pour protéger les citoyen·ne·s. Certaines alternatives sûres aux PFAS sont déjà disponibles pour de nombreux produits de consommation. Un plan efficace de substitution et d’élimination progressive peut stimuler l’innovation et accélérer leur élimination. Les entreprises qui développent et commercialisent ces alternatives doivent recevoir le soutien nécessaire de la part des autorités. En parallèle, les pollueurs doivent être tenus pour responsables et le principe du pollueur-payeur doit guider la création d’un fond sectoriel pour couvrir les coûts d’assainissement.
En raison de l’ampleur de la crise des PFAS, une coopération structurelle entre les différentes régions est impérative, notamment par l’élaboration d’un plan d’action PFAS interfédéral.
Il est de la responsabilité des autorités de protéger la santé publique et la qualité de notre environnement. Nous demandons aux décideurs de soutenir l’interdiction des PFAS au niveau européen tout en travaillant sur un plan national de substitution efficace dans les produits de consommation. Ce n’est qu’en fermant le robinet des PFAS que l’on pourra protéger notre santé et notre environnement.
Liste des signataires :
Canopea
Bond Beter Leefmilieu
Belgaqua
Aquawal
Vivaqua
Mutualités libres
Mutualité chrétienne
Mutualités libérales
Solidaris
Greenpeace
Nature & Progrès
Fédération des maisons médicales
Health for future
Société scientifique de médecine générale (SSMG) – Cellule environnement
Fédération wallonne de promotion de la santé (FWPS)
Natagora
Kaya
WWF Belgium
Observatoire de l’environnement
Amis de la terre
Inter-Environnement Bruxelles
Réseau Idée
LUSS (Ligue des usagers des services de santé)
Child Rights International Network (CRIN)
Ecoconso
SOS Notre Santé Asbl
Grands parents pour le climat
Citoyens 1230
Les Amis du parc de la Dyle
Asbl Action Environnement Beauvechain
Crabe Asbl
Association 21
Epures Asbl
We Are Nature.Brussels
ConsomAction
La Hulpe Envrionnement