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Analyse d’une fiche d’information concernant la vaccination contre le Covid-19 adressée par un groupe de médecins aux médecins et leurs patients


mars 2021, Analyses et études

La vaccination contre le Covid-19 est l’enjeu d’un débat très polarisé entre les pro-vaccins et les anti-vaccins. C’est manifestement dans ce contexte qu’a été rédigée une « Fiche d’information vaccination contre Covid-19* » par un groupe de médecins belges qui s’adressent à leurs confrères ainsi que leurs patients. Le fait qu’elle soit rédigée par des médecins et qu’elle s’accompagne de nombreuses références scientifiques la rend apparemment crédible aux yeux de nombreux citoyens qui se posent des questions légitimes et pertinentes sur l’efficacité et la sécurité d’une telle vaccination de masse. L’objet de l’analyse proposée ici est de vérifier la crédibilité des arguments développés par les auteurs de la fiche qui affirment présenter des « faits » susceptibles de contredire des informations fausses.

La fiche est disponible in extenso à la suite de l’analyse. Les extraits de la fiche apparaissent en italique dans le texte, ainsi que des extraits de certaines références accompagnant la fiche et d’autres références sélectionnées par l’auteur de l’analyse. Elle est annexée en bas de cette analyse.

Objectif de l’analyse

Montrer comment un « fact checking » basé sur une analyse rigoureuse des sources référencées et des informations facilement collectées sur le net permet d’évaluer la pertinence d’une information. Information dont la qualité des auteurs, perçus comme experts par leur titre ou profession, et la présentation, accompagnée de nombreuses références, apparait a priori comme scientifiquement fondée.

Résumé

L’analyse d’une fiche d’information sur la vaccination contre le Covid-19, rédigée par des généralistes belges, montre que sous un aspect scientifique le contenu est en réalité une succession d’affirmations partisanes souvent en contradiction avec le contenu de nombreuses références censées les valider. Plusieurs concepts sont utilisés erronément comme, par exemple, la confusion entre « taux de létalité » et « taux de mortalité » ou entre « sévère » et « grave » pour développer des arguments qui ne résistent pas à une analyse rigoureuse des chiffres disponibles.

Qui sont les auteurs de cette « Fiche d’information vaccination contre Covid-19 » ?

L’auteur du mail qui contient la fiche est le Dr Anne De Clerck, qui se présente comme : « Homéopathe, Nutritionniste, Enseignante en santé globale ». Outre le Dr De Clerck, la fiche est réalisée « avec le soutien » de onze autres médecins dont beaucoup sont renseignés sur le net comme homéopathes ou adeptes des médecines naturelles et parallèles.

Plusieurs liens proposés en bas de document renvoient vers le site de l’association « Preventie vaccinatieschade » [1] qui se traduit par « Prévention des dommages liés à la vaccination ». Le « Corona fact sheet » [2] analysé ici fait d’ailleurs partie des publications de l’association répertoriées sur le site.

Apparemment l’objectif de cette association est d’informer le grand public sur les risques des vaccinations et de défendre le droit des citoyens au libre choix par rapport aux programmes de vaccination qui peuvent leur être imposés. Elle recueille aussi des fonds pour soutenir ceux qui doivent défendre leur libre choix par des voies légales.

Il s’agit donc clairement d’une association militante qui s’inscrit dans la mouvance « anti-vaccin » particulièrement développée au sein des praticiens « naturopathes ».

Analyse du contenu

À la question « Ce vaccin est-il nécessaire, sécure et efficient ? », la réponse des auteurs de cette fiche est clairement « non, non et non ! ». Analysons comment ils justifient une réponse aussi catégorique à propos d’un enjeu crucial au vu des conséquences sanitaires, économiques et sociales de la pandémie en cours.

1. Le vaccin est-il nécessaire vu la dangerosité du Covid-19 ?

« Le Covid-19 n’est en moyenne pas très mortel. […] En effet, le taux de mortalité par infection est de 0,23 % dans l’ensemble et de 0,05 % pour les personnes de moins de 70 ans. »

Les auteurs confondent le taux de létalité qui est le risque de décéder de la maladie, exprimé ci-dessus, et le taux de mortalité qui multiplie le taux létalité par la fréquence de la maladie au sein d’une population. Et c’est évidemment ce dernier point qui justifie des mesures aussi radicales que des confinements répétés et un programme de vaccination pour en sortir. Si nous n’étions pas confrontés à une situation épidémique sévère avec des croissances exponentionnelles de l’incidence à certains moments, nous n’en serions pas à disserter sur la pertinence d’une vaccination de masse. En outre, le taux de létalité va dépendre de la capacité de traiter efficacement les malades. C’est justement pour éviter une augmentation de létalité en raison d’un effondrement du système hospitalier que sont prises les mesures aussi radicales que nous connaissons.

En terme de mortalité, le site de Sciensano [3] nous apprend qu’en date du 10 mars 2021 le Covid-19 a causé 22 327 décès en un an, puisque le premier décès date du 10 mars 2020.

Cela signifie que pour 2020 le Covid-19 est la troisième cause de mortalité en Belgique, derrière les décès pour cause cardio-vasculaire et ceux pour tumeurs (Statbel [4]).

Pour trouver une cause unique responsable d’autant de décès, il faut remonter à la Seconde Guerre mondiale (88 000 morts violentes en Belgique en quatre années de conflit) ou à la pandémie de grippe espagnole avec plus de 157 000 morts toutes causes confondues en 1918 pour une population de 7,4 millions.

Si on considère que le Covid-19 n’est pas une pathologie suffisamment meurtrière pour justifier une campagne de vaccination visant à la prévenir, nous pourrions stopper illico tous les programmes de prévention contre le cancer du sein ou du côlon qui tuent beaucoup moins. Les campagnes de sécurité routière seraient-elles aussi sans fondement puisqu’il y a moins de deux décès par jour sur nos routes contre entre trente et quarante aujourd’hui dus au Covid-19, qui a causé plus de 250 décès quotidiens au sommet de la première vague en avril 2020.

En conclusion, la première phrase du document qui affirme que « le Covid-19 n’est en moyenne pas très mortel » ne résiste pas à une comparaison chiffrée avec les autres causes de mortalité en Belgique. En confondant létalité et mortalité, les auteurs ignorent le contexte épidémique qui est évidemment crucial dans le choix des stratégies visant à combattre la maladie.

2. Le vaccin est-il nécessaire au vu des moyens dont nous disposons pour prévenir la maladie ou ses complications ?

Les auteurs fournissent une multitude de pistes pour prévenir et traiter le Covid-19 accompagnées de nombreuses références. Il serait trop long d’analyser chacune de ces affirmations. J’ai décidé d’approfondir la première de ces affirmations : « Des études récentes confirment que la supplémentation en vitamine D peut faire une énorme différence dans le risque d’être atteint de corona et les complications corona et de mortalité : ‘’Nous observons une corrélation très significative entre la prévalence de la carence en vitamine D et l’incidence de Covid-19’’9 10 11 12 13 ».

La première référence [5] mène au site MedRxiv, qui donne accès à des articles non encore publiés et à un article datant de septembre 2020. Il est non publié à ce jour dans une revue scientifique et est accompagné d’une mise en garde précisant que cet article n’a pas fait l’objet d’une revue par les pairs et ne peut servir à des recommandations cliniques. Ce que font pourtant les auteurs de la fiche que nous analysons.

La conclusion de cette étude établit un lien significatif entre un déficit en vitamine D et le risque d’attraper le Covid-19. En outre, la prise de Vitamine D en gouttes dans les quatre mois précédents aurait un effet protecteur.

L’analyse de la méthodologie amène à certaines réserves : le statut de carencé en vitamine D se base sur des dosages pouvant dater de plus de 10 ans…

En outre, en analysant les résultats, nous constatons que si la prise de vitamine D en gouttes diminue de 10 % le risque de contracter la maladie, la prise de la même vitamine D sous forme de comprimés augmente ce risque de 25 %. Cette dernière observation défavorable à une recommandation de supplémentation en vitamine D n’est pas mentionnée dans la conclusion et il est interpellant de constater que les auteurs de la fiche tirent des conclusions univoques à partir de résultats aussi contradictoires.

La deuxième référence [6] nous amène sur une page du quotidien italien La Repubblica datant du 26 mars 2020, soit au tout début de l’épidémie en Europe. Le quotidien italien fait référence à une étude de l’Université de Turin qui émet l’hypothèse que la vitamine D pourrait réduire le risque de contamination.

En faisant une recherche à partir du nom des auteurs de l’étude rapportée dans le quotidien italien, nous trouvons un éditorial paru en juillet 2020 dans Aging Clinical and Expérimental Research [7], dans lequel les auteurs décrivent le rôle possible de la déficience en vitamine D dans le développement de la pandémie. Ils précisent néanmoins que ces observations sont basées le plus souvent sur des études transversales qui ne permettent pas de démontrer une relation de cause à effet. Ils concluent prudemment que des études complémentaires sont nécessaires pour savoir si le fait de compenser cette déficience peut influencer le décours de la maladie pour un individu. En outre, ils rappellent la corrélation entre l’hypovitaminose D et de nombreuses pathologies chroniques qui influencent le risque de présenter une forme grave de Covid-19.

Les deux autres références présentées comme « récentes » donnent accès à des articles datant de 2017 [8] et 2013 [9]. Il s’agit de méta-analyses qui passent en revue des études ayant étudié l’efficacité des supplémentations en vitamine D pour prévenir les infections respiratoires. Les résultats semblent favorables à une telle attitude préventive ; mais peut-on étendre ces conclusions au Covid-19 qui s’avère être bien plus qu’une simple infection des voies respiratoires ? En outre, la seconde étude souligne la nécessaire prudence quant à l’interprétation de ces résultats en raison du risque de biais de publication. En effet, ces études sont souvent le résultat de constatations secondaires faites au sein d’études ayant d’autres finalités. Il y a biais de publication en raison de la non-publication des études qui n’ont pas constaté la relation.

La conclusion de cette analyse minutieuse des références soutenant le bienfait d’une administration préventive de vitamine D pour combattre l’épidémie est claire : les références mentionnées ne permettent nullement de proposer cette démarche comme alternative à une vaccination. Une des études référées montre même une augmentation du risque de contracter le Covid-19 en cas d’administration de la vitamine sous forme de comprimés. Si les articles mentionnés confirment la corrélation entre une carence en vitamine D et le risque de survenue et de complication du Covid-19, il n’est pas possible actuellement d’en faire une relation de cause à effet en raison du fait que cette carence est associée également aux facteurs de risque de la pathologie concernée (âge, obésité…).

Pour être exhaustif, il faudrait réaliser la même démarche pour les autres pistes thérapeutiques proposées (hydrocloroquine, zinc, azithromycine, ivermectine, vitamine C). Certaines de ces pistes pourraient s’avérer pertinentes, mais dans une démarche scientifique, basée sur les preuves, les praticiens sont tenus de s’en tenir aux informations validées. À ce sujet, le site de Sciensano [10] offre des informations régulièrement mises à jour. À moins de céder aux dérives complotistes, il n’y a pas de raisons de mettre en doute la qualité des informations fournies par ce type de source.

À ce jour, aucune des propositions formulées par les auteurs n’est éligible pour être appliquée à large échelle dans le but d’enrayer la pandémie ou de prévenir l’aggravation des cas avérés, même si leur avis quant à l’importance d’une « immunité robuste » est évidemment pertinent.

3. Le vaccin est-il sécure ?

La fiche informative fournit des chiffres extraits de l’étude réalisée par Pfizer et la sécurité du vaccin BNT162b2 [11]. Les chiffres retenus et leur interprétation posent de sérieuses questions.

« Ce qui est significatif, c’est que, sur la base des mêmes chiffres de Pfizer, on peut s’attendre à environ 50 effets secondaires graves du vaccin sur 10 000 personnes vaccinées, soit environ 55 000 sur l’ensemble de la population belge. »

Concernant la sécurité, la fiche annonce une incidence de réactions graves au vaccin deux fois plus élevée dans le groupe vacciné (1,1 % versus 0,6 %). Ces chiffres sont extraits d’un tableau complexe détaillant les « adverse events » (évènements indésirables) qui nécessite une analyse rigoureuse des chiffres et des définitions.

Les chiffres repris par les auteurs de la fiche sont ceux de la troisième ligne et concernent les évènements définis comme sévères. Les auteurs les présentent comme « Risque de réactions graves au vaccin » or il y a une grande différence entre sévère, grave et menaçant la vie (« severe », « serious » et « life-threatening » en anglais). En effet, un symptôme comme « douleur au site d’injection », pour reprendre le plus fréquent, peut être classifié de sévère sans être grave. Le tableau ci-dessus montre qu’il y a deux fois plus d’évènements indésirables mentionnés par les participants dans le groupe vacciné, sans qu’il soit possible de distinguer ceux réellement induits par le vaccin de ceux survenus indépendamment de lui. La différence est significative pour les évènements bénins d’intensité légère à sévère ; mais il n’y a pas de différence significative pour les évènements graves ou engageant le pronostic vital.

Ci-dessous la distinction entre « severe » et « serious » selon l’Agence européenne du médicament (EMA) [12] : « The term « severe » is often used to describe the intensity (severity) of a specific event (as in mild, moderate, or severe myocardial infarction) ; the event itself, however, may be of relatively minor medical significance (such as severe headache). This is not the same as « serious, » which is based on patient/event outcome or action criteria usually associated with events that pose a threat to a patient’s life or functioning. Seriousness (not severity) serves as a guide for defining regulatory reporting obligations. »

Quant au spectre des 55 000 effets secondaires graves attendus en cas de vaccination de l’ensemble de la population belge, il s’agit là aussi d’une formulation erronée. En effet, il s’agit d’une extrapolation de l’incidence des « serious adverse events ». Que veut dire ce terme ? D’après l’EMA, il s’agit de : « Any untoward medical occurrence in a patient or clinical investigation subject administered a pharmaceutical product and which does not necessarily have to have a causal relationship with this treatment. »

Il s’agit donc d’évènements qui ont une relation de temporalité avec le traitement étudié, mais pas obligatoirement de causalité. Donc, il ne s’agit pas d’effets secondaires puisque ce terme implique une causalité. D’après les chiffres de l’étude Pfizer, il n’y pas de différence significative entre l’incidence des évènements graves qui se sont produits pendant la durée d’observation du groupe vacciné (0,58 %) et du groupe placebo (0,51 %). Que l’on vaccine la population belge ou pas, il continuera à avoir en son sein des évènements de santé graves (infarctus, AVC, appendicite, pneumonie, fibrillation auriculaire…) et rien ne prouve à ce stade qu’ils seront plus nombreux en cas de vaccination, contrairement à ce qu’affirment les auteurs de la fiche étudiée.

En conclusion, les informations et affirmations sur la dangerosité de la vaccination formulées par les auteurs de la fiche se basent sur une interprétation erronée des termes couramment utilisés dans la littérature scientifique. Il y a confusion entre « sévérité » et « gravité » et entre « effet secondaire » et « évènement indésirable ».

4. Le vaccin est-il efficace ?

Sur base du même tableau présenté plus haut, les auteurs de la fiche affirment que le vaccin ne réduit que de 0,84 % le risque de contracter le virus, alors que la firme revendique 95 % d’efficacité.

Comment expliquer un tel écart dans les chiffres ? Pour obtenir le chiffre de moins 0,84 % de risque, les auteurs de la fiche font la soustraction entre deux risques absolus, celui de contracter le virus au sein des vaccinés et au sein du groupe placebo. L’importance du résultat intègre en réalité une série d’éléments indépendants de l’efficacité du vaccin comme l’intensité de l’épidémie au moment de l’étude, le comportement des sujets, la durée de l’observation, etc. Donc si l’enregistrement des cas de Covid-19 avait duré six mois au lieu de deux mois, les auteurs auraient probablement constaté une réduction de risque trois fois supérieure. En d’autres termes, si on utilise la différence de risque absolu, un vaccin peu efficace testé dans un contexte à haut risque de contamination donnerait une réduction supérieure à celle obtenue par un vaccin très efficace testé au sein d’une population peu exposée.

C’est pourquoi l’outil d’évaluation adéquat dans ce cas-ci est le risque relatif (RR) qui divise au lieu de soustraire les deux incidences. C’est comme cela que l’on peut affirmer que le vaccin étudié permet d’éviter 95 % des infections. A priori, cet indicateur sera stable, quels que soient la durée de l’observation et le risque pour les personnes suivies de contracter la maladie puisque ces paramètres sont similaires dans les deux cohortes (vaccinés et non vaccinés).

Par ailleurs, il est étonnant que les auteurs qui extrapolent le nombre « d’effets secondaires graves » en cas de vaccination de la population belge (cf. supra) ne procèdent pas à une telle estimation des hospitalisations et des décès évités.

Procédons donc à une extrapolation des chiffres de l’étude Pfizer à la Belgique. Si au 31 août 2020 l’ensemble de la population belge avait été vaccinée et en se basant sur les chiffres des rapports hebdomadaires de Sciensano [13], nous aurions théoriquement pu éviter 11 000 décès et 32 400 hospitalisations entre cette date et la mi-février 2021. La disparition des clusters et des décès provenant des résidents des maisons de repos observée récemment confirme la pertinence de cette extrapolation.

Enfin, l’espoir d’obtenir une réduction de transmission du virus grâce à l’immunité collective renforcée par la vaccination est traité de façon très péremptoire par les auteurs de la note : « Ceux qui reçoivent le vaccin peuvent encore transmettre le virus. C’est ce que disent les fabricants35, les chercheurs36, les experts gouvernementaux37 et même notre Premier ministre38. C’est parce que le vaccin ne protège pas les muqueuses des voies respiratoires, de sorte que la personne vaccinée peut continuer à propager le virus39. La vaccination par ‘’solidarité’’ (pour protéger les autres) n’a donc aucun sens. »

Les références citées pour étayer cette affirmation sont beaucoup plus nuancées. En effet, l’étude Pfizer à nouveau citée mentionne que les données sont limitées pour évaluer l’effet du vaccin pour contrer la transmission du virus par des individus infectés malgré la vaccination et qu’il faudra des études complémentaires pour évaluer l’effet du vaccin pour limiter l’excrétion du virus et sa transmission. Dans la deuxième référence [14], l’auteur explique que les études n’ont pas été dessinées pour déterminer si les vaccins peuvent interrompre la transmission du virus. Plusieurs études sont en cours pour répondre à cette question cruciale. À leurs sujets, la revue Nature précise que les résultats préliminaires suggèrent qu’au moins certains des vaccins ont probablement un « transmission-blocking effect » [15].

En conclusion, les auteurs utilisent un indicateur inadéquat pour estimer l’impact escompté du vaccin au sein de la population belge au stade actuel de la pandémie. En outre, ils rejettent l’hypothèse d’une réduction de la transmission grâce au vaccin en confondant « absence de preuve et preuve d’absence ».

Conclusions générales

Au vu des éléments analysés, cette « Fiche d’information vaccination contre le Covid-19 » apparait comme un manifeste militant anti-vaccination contre le Covid-19 et non pas une publication scientifique visant une information objective du lecteur. En effet, les arguments invoqués pour justifier à la fois l’inutilité, la dangerosité et l’inefficacité d’une vaccination contre le Covid-19 ne résistent pas à une analyse minutieuse des références censées les valider ni au croisement avec d’autres références fournies dans cette analyse.

Le plus frappant est de constater l’utilisation erronée de certains concepts (« adverse events » par exemple) ou certains indicateurs (risque relatif) pour étayer les arguments chiffrés. Une telle légèreté scientifique répétée de la part d’auteurs qui se présentent d’emblée comme des médecins s’adressant à des médecins et aux patients est très interpellante, voire perturbante. Car se pose inévitablement la motivation réelle de cette démarche. S’agit-il d’une volonté louable, mais maladroite d’information ou plutôt d’une volonté idéologique de désinformation visant un objectif inavoué ?

Le fait que les auteurs se revendiquent d’une ligue « anti-vaccination » nous incite à réfléchir en termes de « parts de marché au sein de l’opinion publique » au moment où une campagne de vaccination est mise en place dans le but de libérer la population des risques et contraintes énormes générés par cette épidémie. Le questionnement légitime et pertinent de ces groupes par rapport au pouvoir et aux méthodes du « big pharma » permet de deviner quel serait le traumatisme idéologique si la délivrance venait des entreprises qu’ils combattent.

Ces réflexions quant aux motivations pouvant expliquer le contenu hautement critiquable d’une telle publication pourraient être relativement anecdotiques s’il n’était pas question ici de permettre aux citoyens de poser un choix éclairé dont les conséquences individuelles et collectives sont cruciales, pour ne pas dire vitales…