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Dans les médias

La santé doit être la clé de voûte des futurs accords de gouvernements

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Une carte blanche portée par la Coalition Santé, une initiative de la société civile belge regroupant associations, dont la Fédération des maisons médicales, mutuelles et syndicats autour des questions de santé en Belgique, publiée le 3/7/2024 sur www.lalibre.be

En matière d’accessibilité de l’aide et des soins, rares sont les points d’accord concrets entre le MR et Les Engagés qui négocient actuellement en Wallonie en vue d’y former un gouvernement. Sur la pénurie de personnel dans de nombreux métiers clés de la Santé, nous ne comprendrions pas qu’aucune stratégie a minima intra-francophone ne soit mise à l’agenda politique.

La Coalition santé, qui réunit une trentaine d’acteurs et d’actrices qui défendent une politique de santé globale et équitable, a pris acte des résultats des élections régionales wallonne et bruxelloise et du scénario d‘une coalition MR/Engagés en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles. La formation centriste de Maxime Prévot s’est déclarée « le parti de la santé » tout au long de la campagne. Le MR a, quant à lui, appuyé fortement sur la « valeur travail » et les politiques budgétaires notamment d’économies à réaliser dans le budget des soins de santé. Quelle synthèse peut être faite ? À quoi doivent s’attendre les acteurs et actrices de la santé au sens large ? Au regard du programme des partis des probables futures coalitions et en marge des auditions de la société civile poursuivies par les deux formations politiques, la Coalition santé souhaite pointer des éléments dont elle soutient l’inscription au sein d’accords de gouvernement dans les régions et communautés.

Une gouvernance et des objectifs de santé publique

Quitte à parler « d’efficience et de bonne gouvernance » comme certain.es, parlons-en davantage autour de l’enjeu de disposer d’objectifs en matière de (soins) de santé qui mobilisent l’ensemble des acteurs et actrices et responsabilisent l’ensemble des ministres et exécutifs. Partir d’objectifs de santé publique est un préalable à toute politique de santé. Des politiques qui doivent avant tout se penser en bonne intelligence et en s’appuyant, dans les bassins de vie, dans l’optique de la toute récente réforme de la réorganisation de la première ligne d’aide, de santé et de soins en Wallonie. Proxisanté, dont les objectifs et la gouvernance doivent être consolidés avec tous les acteurs et actrices concerné.es et surtout des moyens pérennisés. Gageons enfin, qu’en termes de gouvernance, la co-gestion, qui mobilise les corps intermédiaires et la société civile mais aussi les prestataires et les organisations de soins, au sein de l’AVIQ sera protégée et surtout renforcée !

La prévention en matière de santé c’est bien, la santé dans toutes les politiques c’est mieux

Nous entendons la volonté de donner une place de choix à la prévention et la promotion de la santé. Nous nous en réjouissons. Mais nous serons attentifs aux formes qu’elles prendront ! En effet, en la matière, les formes qu’elles peuvent prendre sont multiples. Ainsi, nous n’accepterons pas une approche individualiste, visant à responsabiliser et sanctionner la personne, dont la plupart de ses comportements sont liés à des dimensions sur lesquelles elle n’a pas de levier et de possibilité d’agir.

Raison pour laquelle nous insistons surtout sur l’importance d’adopter une vision large de la santé. Les déterminants sociaux de la santé impactent pour plus de 60 % l’état de santé des personnes. Par conséquent, il est indispensable que la pertinence de toute politique s’apprécie à la lumière de son effet potentiel sur la santé de la population. Nous pointons ainsi cinq domaines devant faire preuve d’une attention toute particulière : l’environnement, le logement, l’enseignement, le travail et l’alimentation. Nous appuyons la nécessité d’augmenter le nombre et la qualité des logements sociaux, de mettre en place davantage de structures d’accueil pour les personnes sans-abri ou encore de rendre l’école réellement gratuite. Il est également nécessaire d’assurer, à l’ensemble de la population, des conditions de travail décente pour que le travail ne rende plus malade. Nous attendons fermement des engagements dans ce sens et, de manière plus générale, des ponts entre la Santé et ces différents domaines ! Et ce d’autant plus que les convergences entre les deux futurs partenaires de gouvernement ne sont pas nombreuses. Néanmoins, nous notons que les libéraux et les Engagés s’accordent sur l’importance de rendre nos villes résistantes aux changements climatiques et de renforcer l’offre de transport en commun. L’agriculture locale et durable est également encouragée dans leurs propositions mais un effet de régulation de l’industrie agroalimentaire doit être consenti.

Enfin, la Coalition Santé souhaite rappeler qu’investir dans tous les secteurs du non-marchand participe de cette stratégie de prévention visant le mieux-être des Wallons et des Wallonnes ainsi qu’à la relance économique de la Wallonie.

L’accessibilité de l’aide et des soins

Force est de constater qu’en matière d’accessibilité de l’aide et des soins… rares sont les points d’accord concrets entre les deux partis. Or, nous attendons des avancées majeures, notamment en matière de soutien aux services d’aides à domicile pour les aînés et les familles ainsi qu’en matière de renforcement des maisons médicales au forfait pour faire face au vieillissement de la population et aux inégalités sociales croissantes.

Cela étant, les deux formations sont conscientes de l’urgence de lutter contre la pénurie de personnel dans de nombreux métiers clés. C’est un enjeu majeur de santé publique. Nous ne comprendrions pas qu’aucune stratégie a minima intra-francophone, construite avec les principaux acteurs concernés, ne soit mise à l’agenda politique. C’est pour nous, un enjeu de santé publique.

Voilà les marqueurs forts à partir desquels la Coalition Santé appréciera, ou non, les futures déclarations de politique régionale et communautaire !