Parce que nous, travailleurs des
maisons médicales pensons qu’un
autre monde est possible ;
Parce que nous rêvons d’une société
solidaire et équitable, d’une économie
redistributrice, d’un vivre ensemble de
qualité ;
Parce que nous faisons le constat que
les forces qui traversent la société
(néolibéralisme, privatisation, marchandisation) ne lui permettent pas de
relever les défis de justice sociale, de
démocratie politique, de pluralisme
culturel ;
Parce que nous, travailleurs des
maisons médicales, sommes « là où ça
se passe » au carrefour entre le système social et de santé et le vécu des
individus et leurs communautés ;
Parce que nous pointons les limites et
les risques d’une pratique qui enfermerait les souffrances sociales dans la
médicalisation, dans la psychologisation ou l’assistance sociale ;
Nous avons voulu réinterroger nos
pratiques, en questionner le sens et les
ré-ancrer dans un terreau revivifié,
dans des références et des valeurs
revisitées.
Les travaux préparatoires au congrès
et le congrès que la Fédération des
maisons médicales a organisé pour son 25ème anniversaire : « Refonder les
pratiques sociales, refonder les
pratiques de santé » nous ont permis
d’amorcer cette démarche avec les
nombreux représentants du monde
associatif qui ont répondu à notre
appel.
Ce congrès n’était qu’une étape d’un
projet plus large de réflexion pour un
changement social. Les quatre
perspectives d’action proposées
préalablement au congrès et explicitées ci-dessous ont servi de ligne
conductrice à ces deux journées.
Plusieurs exposés ont permis de poser
les jalons de la réflexion :
- Philippe Lecorps a questionné
l’éthique et la pertinence de la politique de santé publique ;
- Jean Carpentier a témoigné de sa
longue pratique de médecin généraliste, de la richesse de cet apprentissage quotidien ;
- Pierre Reman, Sophie Pommier,
Eugène Mommen et Luc Carton, ont,
chacun, apporté leur éclairage sur une
perspective d’action ;
- Le ministre Rudy Demotte a insisté
sur l’importance d’une structuration
de la première ligne et sur le rôle
important et nécessaire des maisons
médicales dans ce paysage ;
- Thierry Jacques, enfin, sous le prisme du mouvement qu’il représente, a
appelé à la vigilance et à l’action face
au risque de détricotage de la sécurité
sociale et des mécanismes de solidarité.
Les travaux en ateliers (travail social,
organisation des pratiques, formation,
participation citoyenne, professionnalisme /militantisme) ont poursuivi
quant à eux deux objectifs principaux :
- questionner la pratique, en pointer
les difficultés et les solutions trouvées sur le terrain ;
- alimenter de propositions concrètes
et novatrices les perspectives d’action.
Ces quatre perspectives discutées et
nourries par le congrès baliseront
l’activité de la Fédération, et des
partenaires qui souhaitent s’y associer,
pour les années à venir.
Elles sont complémentaires même si
elles ciblent des niveaux d’intervention et des types d’acteurs différenciés.
Elles devraient permettre à chacun de
se percevoir davantage comme acteur
de la société là où il est, dans sa pratique et dans sa vie.
Reformulées au terme de ce congrès,
nous voudrions qu’elles soient un
engagement :
- A développer des actions pour renforcer la solidarité parce qu’elle est
au cœur de notre projet de société
et qu’elle est indispensable pour
développer une société équitable.
Notre initiative pour qu’une plateforme concernant la sécurité sociale
rencontre des initiatives et un intérêt
similaires parmi des syndicats,
mutuelles, associations.
Notre action dans un cadre transcommunautaire sera :
- une action de vigilance pour le
maintien et le développement de
la sécurité sociale ;
- une action de sensibilisation des
professionnels et des usagers sur
leur rôle dans la régulation d’un
système de santé solidaire à travers la pratique quotidienne.
- A promouvoir la santé comme le résultat d’un projet de société. Il s’agit
d’agir sur tous les déterminants de
la santé : sociaux mais aussi culturels, environnementaux, relationnels, etc.
Notre action pour la promotion
globale de la santé sera :
- une formation des professionnels
à la globalité et à la coordination
intersectorielle ;
- le renforcement de notre rôle
d’observatoire socio-sanitaire, en
observant mieux et surtout en
témoignant et interpellant ;
- un plaidoyer, à partir des expériences de terrain, pour un
décloisonnement des institutions
et des pouvoirs publics ;
- la revendication d’une législation
qui mesure l’impact de chaque
politique publique sur la santé.
- A soutenir, de là où nous sommes,
la parole des citoyens dans leur
société. Parce que la démocratie
reste un exercice difficile. L’expression des citoyens trouve difficilement sa place et le fossé avec
leurs représentants est régulièrement
pointé du doigt. Et la participation
des usagers dans les systèmes et
services n’est pas simple non plus.
Et pourtant, le choix de société que
nous faisons, à partir de notre place
de travailleurs de la santé, est bien
un choix citoyen.
Nous voulons :
- renforcer le dialogue avec les
utilisateurs de nos services, pour
renforcer leurs capacités d’être
acteur social, et parce que nous
pensons que cela peut enrichir
notre projet ;
- informer et encourager les
citoyens à prendre leur place dans
les lieux démocratiques dans les
institutions du social ou de la
santé : mutuelle, syndicats ;
- inviter les citoyens à participer à
un lieu de débat et de concertation
publique par rapport aux questions du social et de la santé.
- A proposer une formation des professionnels qui leur donne les outils
dont ils ont besoin pour affronter les
problématiques auxquelles ils sont
confrontés. Une plus grande capacité de prise de recul et de lecturecritique face à la complexité des
problèmes pourrait les soutenir et les
aider à trouver du sens à leur
pratique.
Nous mettrons en place :
- une université d’été ouverte à tous
les travailleurs de nos secteurs,
pour à partir de l’exploration de
la pratique, permettre la lecture
critique du système dans lequel
nous sommes inscrits ;
- des cycles de formations thématiques par modules ;
- une formation des cadres de la
Fédération au travail politique ;
- une concertation avec les milieux
universitaires sur un cahier de
revendication qui élargisse le curriculum de base des études transversalement dans les professions
de santé.
Ces actions doivent pouvoir
donner un souffle, du sens, un
fondement à nos pratiques, à
notre travail, dans l’accompagnement de chaque citoyen
à mener une existence digne
de l’Homme et aussi dans la
construction politique d’un
mieux vivre ensemble.
La Fédération se mobilise sur
ces pistes. Elle souhaite s’inscrire dans le grand mouvement de tous ceux et celles qui
sont déjà ou seront en marche.
Elle invite tous les partenaires
qui partagent ces choix à se
joindre à elle. Car on n’est pas
trop nombreux pour pas
seulement dire mais aussi faire qu’un
autre monde est possible.