Projet Espace Jeunes
Depuis plusieurs années, la Maison Médicale « la Glaise » et ses partenaires du Groupe Porteur partagent un constat : les jeunes du quartier évoluent dans des contextes de précarité, de violence et « échappent » aux actions d’aide traditionnelles. En 2009, ces institutions psycho-médico-sociales de Marchienne Docherie mettent sur pied un projet destiné aux 12-25ans. Ce « lieu ouvert » tourné vers la jeunesse du quartier entend aller à leur rencontre et développer avec eux des actions qui prendront en considération la santé au sens large. Il s’agit de mettre sur pied une dynamique participative locale, de créer un lieu accessible à l’ensemble de la jeunesse du quartier mais aussi d’interroger et discuter, avec le public du projet, les pratiques juvéniles en lien avec les déterminants de la santé.
Quel est notre point de départ ?
La Docherie a connu une forte croissance en raison de l’installation d’individus venus travailler dans les industries avoisinantes. Cet afflux de population a été très hétérogène. Le déclin industriel régional a fortement impacté un quartier où la population ouvrière reste majoritaire. Des institutions sociales se sont progressivement installées pour répondre aux conséquences de ce bouleversement socio-économique. Au fil du temps, elles ont créé le Groupe Porteur : association de fait qui regroupe les différents intervenants psycho-médico-sociaux locaux et se réunit tous les mois en vue d’amener une réflexion globale d’amélioration du cadre de vie social de Marchienne-Docherie. Ce collectif partage un constat : l’existence d’une certaine violence dans le quartier et au sein des familles, violence dont les jeunes sont à la fois victimes et auteurs.
Jusqu’à présent, aucun service de prévention ne s’était penché sur cette problématique. Des tentatives d’aides ont bien été mises en place mais n’ont pu être pérennisées, faute de moyens. Partant du constat que les jeunes ne trouvent pas leurs repères dans les structures existantes, la volonté du projet est de « construire avec eux » au lieu de s’inscrire dans une logique de consommation. Trois professionnels ont donc été engagés pour développer sur le quartier une action innovante qui se veut à la fois préventive et participative à l’égard du public « jeune » (12 – 25 ans).
A qui s’adresse le projet ?
Ce projet pilote fruit d’une convention multi-partenariale, entend se pencher sur un public encore méconnu dans le quartier, les 12-25ans.
Quels sont nos objectifs ?
- Dresser un répertoire des difficultés et carences que rencontrent les Dochards âgés de 12 à 25 ans,
- Détecter les formes de violence auxquelles la population cible est confrontée en tant que victime ou auteur mais également identifier les éléments déclencheurs de cette violence,
- Partager nos observations et réflexions avec les institutions présentes dans le quartier de La Docherie en vue de leur permettre de cibler au mieux leurs actions,
- Interroger et discuter avec le public du projet les pratiques juvéniles en lien avec les déterminants de la santé,
- Représenter un lieu et proposer des actions visant à favoriser la rencontre afin de dépasser logiques de séparation qui peuvent avoir lieu entre groupements juvéniles,
- Créer des actions de type socioculturel visant le développement d’attitudes participatives et citoyennes,
- Représenter un lieu d’intervention sociale de première ligne et orienter les bénéficiaires vers des services spécialisés quand cela s’avère nécessaire.
Que mettons-nous en place ?
Espace Jeunes développe actuellement son action selon 4 axes de travail (Ceux-ci oscillent continuellement entre action et observation).
- Santé et sport : réalisation de jus de fruits pour et avec les jeunes, atelier jogging, ateliers avec centre de planning familial,
- Organisation ou participation à des actions socioculturelles locales : ateliers dessins et percussions, collaboration lors des fêtes de quartier, réalisation de concours de belote, de quizz musical, etc.
- Le « Groupe Projets » : groupe d’une dizaine de jeunes initialement constitué autour le projet de réalisation d’un voyage. De ce point de départ, le groupe a continué à réaliser des actions lucratives afin de financer des séjours ou des activités. Des réunions ont lieu régulièrement pendant lesquelles les jeunes sont amenés à échanger idées et points de vue. Ils élaborent à la fois les règles qui régissent le groupe et les lignes directrices des actions à mener. Progressivement, l’autonomie des jeunes participants augmentent et les travailleurs sociaux délèguent de plus en plus des fonctions aux « 12-25ans ».
- Travail social de première ligne : accueil, accompagnement psychosocial, premières démarches.
Ça se passe quand ?
Le projet actif depuis avril 2009 se décline selon plusieurs temporalités :
- Des plages d’accueil pour les jeunes Dochards à raison de 4X/semaine,
- La réalisation de jus de fruits frais, les ateliers artistiques et entraînement au jogging se déroulent une fois par semaine,
- Le « groupe projets » se réunit en moyenne toutes les 3 semaines,
- La réalisation ou la collaboration dans les activités locales ont lieu en moyenne 4x par année.
Qui collabore au projet ?
Collaborations internes
Le projet est en lui-même le fruit du travail en réseau, les collaborations se déclinent tant au niveau des mises à disposition des travailleurs qu’au niveau des prises en charge de frais de fonctionnement et du suivi de coordination. Les institutions partenaires sont la Maison Médicale « La Glaise », le CPAS de Charleroi / Service Actions de quartier, le Centre de Santé Mentale « la Pioche », le CIEP-MOC, le Patro Saint Jean, le Ranch du Terril et Monsieur Jean Lemaire en qualité d’expert.
Collaborations externes
En fonction des projets développés, plusieurs partenariats externes sont développés. Voici quelques exemples : Comité de quartier de Marchienne Docherie, Comité de lutte contre les incivilités, Cours Toujours ASBL, le Centre Local de Promotion de la Santé de Charleroi, Mr Muffin and co. ASBL, etc.
Quelles sont nos ressources ?
- Deux travailleurs (1,5 temps plein) de la maison médicale collaborent au projet. La maison médicale a rendu des appels à projets afin d’intervenir dans des frais de fonctionnement (Région Wallonne et Fondation Roi Baudouin). Un travailleur est engagé par l’intermédiaire de points APE (7). Cette intervention au niveau des frais de personnel par la région Wallonne est une condition sine qua non à la survie du projet. Sans cette aide, la Maison Médicale ne serait pas en mesure de prendre en charge ces salaires. Ce contexte précaire nous inquiète car nous n’avons encore à l’heure actuelle aucune confirmation de la poursuite de la mesure après 2014. Le projet si célèbre dans le quartier est donc clairement menacé.
- Un travailleur du CPAS de Charleroi collabore au projet et ce dernier met à disposition un bâtiment. Il intervient également dans les frais de fonctionnement.
Quel est notre bilan ?
- Au travers des plages d’accueil, nous relevons le passage de plus de 100 jeunes annuellement au local le « 133 ».
- Nous constatons la fréquentation de nombreux groupes au sein du « 133 ». Fréquentation qui n’a pas toujours lieu dans le quartier.
- Le « groupe projets » compte une douzaine de membres dont l’autonomie dans la prise de décision et l’action progresse de manière significative.
- Le « bar à jus » rencontre un grand succès auprès des jeunes. Il est, à l’occasion tenu exclusivement par ceux-ci.