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Demande ’a minima’, questions maximales !


Santé conjuguée n° 59 - janvier 2012

Ce n’est pas parce que la demande est « a minima » qu’elle n’est pas complexe. Exemple de l’accès à un séjour en hôpital.

Il n’est pas simple pour la personne en souffrance psychologique d’accéder à un circuit de soins ou d’y trouver un point de chute. C’est d’autant plus difficile si des questions d’assuétudes compliquent la situation. Le sociogramme que nous vous présentons ci-contre illustre les méandres de la demande de soins et encore il ne donne qu’une image simplifiée de cette complexité. En outre, il faut se rendre compte que cette représentation est statique alors que le parcours de soins, réclame une réponse dynamique. Examiner la demande ’a minima’ du point de vue de l’hôpital et de son réseau, c’est donc à la fois considérer la demande d’être hospitalisé « à bas seuil » et trouver le chemin dans ce labyrinthe de soins pour que le soignant inscrive sa démarche en adéquation avec le résultat visé. Il y a plusieurs portes pour avoir accès à une hospitalisation. Quand le médecin traitant s’adresse à l’équipe de soins, le travail commence par un entretien chez le psychiatre. Entretien dont les suites ne seront pas forcément en accord avec celles attendues par le patient.

Qui porte la demande ?

Le patient ? Le médecin généraliste ? La Justice ? Les services sociaux, les services de santé mentale ? Les initiatives de prévention ? Les institutions telles les CPAS ? D’autres soignants ? La famille ? Comment le patient a-t-il eu accès à l’hospitalisation ? Via les consultations ? Via les urgences (internes ou externes) ? Par téléphone ? Il est rare que le patient vienne frapper à la porte du service avec une demande de soins. Quel est le sens de la demande ’a minima ’ Quel est le degré d’urgence de la demande ? Existe-t-il une demande psychiatrique urgente ? Y a-t-il un besoin de soins ? Y a-t-il une demande de soins ? Devons-nous répondre à chaque demande ? Qui (quel type d’institution) serait le plus apte à répondre à cette demande ? Les difficultés, les devoirs, les exigences Pour le patient, il faut affronter le problème, des listes d’attente avant d’accéder à l’hospitalisation, se conformer aux procédures d’enregistrement. Se posent aussi les questions juridiques, économiques et sociales entourant la demande, par exemple : le patient est-il assuré, est-il exclu socialement de tout système d’aide ? Il y a, en outre, les obligations que le demandeur de soins devra respecter, telles que les règles de vie à l’intérieur de l’institution. Il y a aussi des obligations pour le dispensateur de soins. Elles peuvent donner lieu à des affrontements entre établissements de soins, notamment en cas de transfert « irresponsable ». Le questionnement fondamental de l’institution concerne les marges entre liberté thérapeutique et contraintes liées à l’organisation des soins par les pouvoirs publics (nombre de places limité, durée des séjours aussi, etc.). Il n’est pas rare que ces deux logiques (thérapeutique et contraintes organisationnelles) soient diamétralement opposées. Quelles sont les attentes que le demandeur de soins adresse au dispensateur de soins ? Y a-t-il un patient idéal pour un soin idéal ? Le patient doit-il forcément être collaborant ? Veut-il de la qualité ? Prend-il des initiatives ? Il a une demande mais a-il une motivation ? Pouvons-nous répondre à son attente ?

L’hospitalisation et son but

Avons-nous, en tant qu’institution, un rôle social ? Sans demande de la part du patient, y a-t-il une réponse à donner ? Que devons-nous savoir de nos partenaires, quel travail en réseau, quelle communication ? Devons-nous être sélectifs dans notre prise en charge ? Quelles sont les limites de notre travail ? Y a-t-il des chevauchements ? Sommes-nous assez ouverts à un élargissement de la démarche de soins ? Nous est-il permis d’aller au-delà des frontières ? Une remarque importante pour ces débats est que la problématique de la toxicomanie est de toute manière une problématique de réseau. La personne souffrant d’assuétudes doit parcourir tout un chemin pour prendre confiance dans le système d’aide ! Ensuite une sphère de stabilisation doit être créée pour qu’il puisse s’intégrer socialement, se reconnecter à la vie ordinaire. Pouvons-nous avec toutes ces questions rencontrer réellement la demande ’a minima’, c’est la question que je me pose au finale…

Documents joints

Cet article est paru dans la revue:

Santé conjuguée, n° 59 - janvier 2012

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