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De l’hôpital psychiatrique à la maison


Santé conjuguée n° 50 - octobre 2009

A l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, la Fédération des maisons médicales rejoint le constat de nombreux autres acteurs de terrain pour dénoncer les carences du soutien à la première ligne de soins et à l’accompagnement ambulatoire des personnes en souffrance mentale.

Communiqué signé par la Fédération des maisons médicales Le 10 octobre 2009 était la journée mondiale de la santé mentale, organisée par la Fédération mondiale de la santé mentale. Cette année, le thème sera consacré à « soins de première ligne et santé mentale ». Les besoins en santé mentale s’accroissent, notamment en raison du délitement du lien social, de l’éclatement des familles, de l’isolement croissant, de l’affaiblissement du rôle du père, et du manque repères. En Europe occidentale, les problèmes de santé mentale sont responsables à eux seuls de 40 % de l’absentéisme au travail ; ils constituent également 40 % des maladies chroniques. C’est un énorme défi à relever pour nos sociétés. Depuis 40 ans, les modèles de prise en charge ont considérablement évolué. En 2005, la Belgique a signé la déclaration d’Helsinki, dans le cadre de l’Organisation mondial de la santé, par laquelle elle s’est engagée à réorienter ses moyens des hôpitaux psychiatriques vers des modèles d’accompagnement dans le milieu de vie. Cette conception se base sur de nombreuses études qui ont démontré toute la pertinence de cette démarche, tant sur le plan médical que sur le plan du respect de l’éthique et des droits de l’homme. La Belgique fait pale figure dans cette évolution : elle continue à consacrer plus de 80 % de ses moyens en soins de santé mentale aux hôpitaux psychiatriques ; le nombre de lits ne diminue pas. Elle en compte, par tête d’habitants, 10 fois plus que l’Italie. Sur le terrain des soins ambulatoires, nous constatons quotidiennement d’énormes carences : insuffisance de logement adapté, absence de prise en charge des urgences, manque de services d’accueil de crise, abandon des patients après leur sortie… De plus en plus de jeunes patients sont condamnés à errer entre l’hôpital, la rue et la prison, lesquelles, on le sait, en sont pleines. Les médecins de famille, confrontés quotidiennement à des situations difficiles, ont bien peu de moyens pour y répondre. Les maisons médicales concentrent souvent un nombre important de ces patients, tentent d’y répondre avec les moyens du bord mais ne disposent d’aucune ressource spécifique pour le faire. Les infirmières à domicile, les aides familiales et les travailleurs sociaux font les mêmes constats. Les familles cherchent désespérément de l’aide. La Belgique s’est pourtant engagée à reconnaitre le rôle fondamental des acteurs de première ligne en ce domaine. Depuis quatre ans, pratiquement rien n’a été fait. La psychiatrie, même si les barreaux ont disparu aux fenêtres des hôpitaux, est restée largement emmurée, cloisonnée du reste du monde de la santé, et de la société. L’hôpital psychiatrique ne constitue plus, de toute évidence, une réponse adéquate aux problèmes de notre temps. A l’occasion de cette dixième journée mondiale de la santé mentale, les organisations de généralistes et la Fédération des maisons médicales se joignent pour rappeler au monde politique ses engagements. Elles demandent aux pouvoirs publics des différentes entités à entamer rapidement un dialogue entre eux, avec les acteurs de la santé mentale, de soins de première ligne et les associations d’usagers pour les concrétiser dans les meilleurs délais.

Documents joints

Cet article est paru dans la revue:

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