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Conclusion : L’honneur de s’inquiéter !

Ce chapitre évoque quelques initiatives qui ont fait preuve de créativité devant l’impasse, des réponses collectives que certaines institutions, membres de la Plateforme, ont apportées à ces situations impossibles rencontrées au jour le jour sur le terrain.

A propos des facteurs de précarisation

Toujours multiples, les facteurs de précarisation touchent les publics, les travailleurs et les institutions. Le cumul de ces facteurs augmente la précarité. Par ailleurs, la présence de plusieurs facteurs dans une même situation offre différentes voies d’entrées possibles pour les travailleurs. Les normes sociales mais aussi les représentations des intervenants participent à la précarisation des personnes.

Toute situation est traversée par des facteurs de précarisation de différents types : contextuels, environnementaux (manque d’infrastructures), socio-économiques (précarité financière), psycho-affectifs (manque de confiance en soi…), psycho-sociaux (fragilité psychologique, isolement social, mauvaise santé…), institutionnels (collaborations difficiles) et individuels (représentations des travailleurs). Ces différentes dimensions doivent être simultanément mises au travail.

A propos d’un travail en concertation

Inscrire et instituer des pratiques de réseaux peut soutenir les institutions et par là les travailleurs de ces institutions.

Il est important de penser ensemble les pratiques de travail en réseau en dehors de situations concrètes souvent génératrices de sentiment d’urgence.

La sectorisation du milieu associatif constitue un frein à la mobilisation commune de celui-ci. Une association seule a peu de poids mais si plusieurs associations se mettent ensemble, c’est plus porteur.

L’élan pour un travail en concertation est bien souvent généré par un sentiment d’impuissance et/ou d’incompétence des travailleurs face aux situations qu’ils rencontrent.
Le risque de se retrouver englué dans une relation duelle (travailleur – usager) souligne l’intérêt d’un lien à trois. Cette fonction de tiers (réelle et /ou symbolique) peut être remplie par l’institution, d’autres travailleurs, d’autres institutions…

Un travail en concertation et une dimension collective qui en résulte ne peut prendre forme qu’à la condition qu’il y ait des espaces collectifs et structurés.
Il semble primordial de faire du lien entre professionnels malgré les réseaux confessionnels. Il est important de passer de l’individuel au collectif et du collectif au travail en réseau.

Le maillage social vise à faire du lien entre institutions. Il tente d’apporter une réponse structurelle, organisationnelle aux différents problèmes.

A propos des différentes représentations

De l’impossible au possible… En se laissant bousculer dans son identité (l’image que j’ai de mon travail) et dans ses représentations, le possible apparait.

Il est possible de faire bouger les représentations des pouvoirs subsidiants. Il est donc intéressant de donner de la visibilité à l’évaluation, de valoriser nos pratiques, de rendre compte de ce qu’on fait dans une logique de valorisation du travail, ce qui est différent de rendre des comptes. Une question se pose alors : comment inscrire cette logique au cœur de notre travail ?

A propos de la place du public
dans ces processus (?)…

La peur d’instrumentaliser le public est un souci permanent pour les professionnels. Ils se sentent parfois tiraillés entre leurs repères éthiques et un souci de ne pas empêcher le public de développer une prise de conscience politique.

Les travailleurs ne sont pas des porte-paroles, leur fonction est de faciliter la rencontre, le lien entre le public et les interlocuteurs souhaités (institutions, politiques…).

A propos de la dimension politique

Le manque de réponses structurelles doit parfois nous amener à élargir nos missions. La modification du cadre de travail devient inévitable. Parfois la modification est ponctuelle parfois elle devient la norme. Notre rôle est également d’interroger notre institution pour réfléchir à ce cadre qu’il convient ensuite de faire passer au politique.

Se rassembler pour dénoncer parce qu’ensemble on est plus fort est une chose mais les moyens manquent. Il faut que l’action soit construite. Notre culture du lien au politique est défaillante.

La précarité institutionnelle ou la menace de la précarité institutionnelle explique que les travailleurs n’osent plus prendre une position de pression.

La concertation n’est pas toujours reconnue comme une priorité par le politique (peu de moyens financiers pour cette dimension du travail). La part politique du travail social est laissée pour compte par rapport au travail clinique (travail avec les usagers).
Il est intéressant que le travail de terrain se conjugue avec le travail « politique » à condition de valoriser la pertinence de ce type de travail.

La Plateforme reste le seul lieu où tout le monde se retrouve et où le débat est possible. Et où à partir d’une situation singulière on peut comprendre ce qu’elle révèle de notre société.


« Au-delà du manque de bien matériel, le vrai visage de la pauvreté et de la précarité, c’est d’abord la privation de la capacité de se faire entendre, de s’organiser pour faire valoir ses priorités et ses intérêts »

Office de la naissance et de l’enfance, Rapport. Banque de données médico-sociales. Données statistiques 2006-2007.

Cet article est paru dans la revue:

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